lien vers galerie lien vers  page cv lien vers page liens adresse e-mail
lien vers page d'accueil


Trouvez pour découverte quelques extraits de mon premier roman qui cherche aujourd'hui encore éditeur.

Si le texte vous plaît vous pouvez en commander l'intégralité par internet pour la somme de 10 € + frais de port (chèque ou espèce), je vous enverrai alors le roman par e-mail ou sur une disquette 3' 1/4, le tout au formats pdf (adobe ® acrobat reader) et rtf (document texte enrichi, Microsoft ® Word), compatible Mac et PC.

>> Vous pouvez télécharger les extraits de cette page pour un meilleur confort de lecture...

 

"Le pays à l'envers" est le conte romancé d'une autobiographie centrée sur les désordres psychiques, entre une quête mystique et une pathologie maniaco-dépressive, sous forme du premier volume de l'histoire vécue d'un aller-retour au pays de la folie.

Ce livre, premier d'un trilogie, décrit du dedans toutes les perceptions d'une aventure intérieure, débutant par le refus de la vie "normale", celle d'un jeune chef d'entreprise. Celui-ci décide un beau jour de rejetter toutes les pressions de son milieu pour se livrer corps et âme à ses pulsions qui vont l'amener d'abord à se retirer en pleine nature, avant d'en être rejetté, puis à se retirer de nouveau dans la solitude. Ces deux premières phases seront les déclencheurs d'une mise à l'écoute de phénomènes hors normal, ce qui va bientôt faire basculer le personnage dans un monde peuplé de perceptions qui n'appartiennent qu'à lui...

Le pays à l'envers, préambule.


Quelques signes, quelques bribes, quelques mots. J'ai l'impression qu'à noircir la page, je referme la fenêtre sur une pluie d'orage. Je n'ai jamais craint la pluie, j'ai même hurlé ma démence aux éclairs dans le Sud, ivre de joie, fissuré d'énergie. Ce n'est plus l'heure de l'explosion de vie : je dois sauver mes rêves. Trop tard aussi : j'ai grandi. J'entendais trop leurs sarcasmes. Il faut s'assumer. Alors du fond de leur oubli, je tente en forcené de réduire à néant la distance qui nous sépare. Je me précipite vers toi, persuadé de savoir maintenant comment faire disparaître la glace. Je te ferai l'amour comme nous l'avons rêvé, je décrirai patiemment tous mes gestes, le rythme et la pression de mes caresses, citerai tous les mots que tu voulais m'entendre prononcer depuis que tu es venue au monde. Il suffit de me laisser partir, d'accepter ton impuissance. Je n'ai de réel que ce que tu ressens. Un rêve, une extase, le sommeil, la douleur, la mort, peut-être.
Je veux tenter patiemment de remettre bout à bout les souvenirs sans me laisser aller à l'errance, tirer profit des envolées comme des abysses, je veux te faire croire que tout est possible, puisque Tu me lis. Saurons nous nous perdre pour le plaisir de se faire confiance? Voudras tu les déchirures de ton ventre connaissant le soin que j'aurai à te soigner? Si tu veux pour un instant perdre la vue, je guide l'expérience, car je n'ai plus d'existence propre, je suis un revenant, revenu de la folie.

 

Dorénavant, le monde est loin, je les vois tous comme de minuscules silhouettes sans voix, derrière le voile d'une brume artificielle, de gaz et de vapeurs urbaines, délétères. Cet avant s'estompe un peu plus chaque jour, et m'apparaît comme un mauvais rêve, dont je suis enfin sorti. Voilà, c'est le réveil. Là, tout est net, les formes, les teintes, les sons, les odeurs, je n'ai qu'à laisser mes sens me ramener à la vie. Je me sens fluide, traversé par d'autres fluides, qui me gavent de sensations. Nul besoin de penser, de calculer, de raisonner, au contraire. Je suis présent à ce qui m'entoure et plus j'agis instinctivement, plus je rejoins le réel, qui est simple, bienveillant, évident. Je vais devenir arbre, eau, animal, puisque l'homme que j'habite peut aller à la rencontre de toutes ces formes de vie. Jour après jour, je me rapproche d'elles à en devenir intime. Le silence premier se peuple de présences, de chaleurs, d'ondes, qui me traversent parfois, quand tout mon être a su se tendre vers elles.
Je laisse tout a priori, tout savoir, tout jugement. Je me veux propre, neuf, et c'est la patience qui me nettoie, l'acceptation de mon impuissance à ne pouvoir faire quoi que ce soit d'autre que de laisser le temps agir, car j'ai la certitude d'être au bon endroit, d'avoir trouvé ma place. Par quelle volonté ? Mon non vouloir. Comme une graine de pissenlit portée par le vent et qui aurait longtemps rebondi sur le roc ou le bitume avant de s'échouer sur un terreau fertile. Mon germe était contenu de force, enroulé sous mon crâne comme un ressort, et n'attendait plus que cet espace pour jaillir.
Je redécouvre peu à peu un univers dont ils m'avait appris à considérer les forces comme des phénomènes physiques et le peuple comme des objets. Or, plus je fais silence, plus j'oublie les leçons, plus émergent des phénomènes difficiles à nommer. Du néant, les signes et les messages affluent, le hasard qui ne veut plus rien dire se tait pour laisser place au sens. Sons, images et vibrations s'ordonnent pour m'offrir une richesse de perception extraordinaire et, pour la première fois, je me sens relié. Que tu sois Energie, matrice, Terre-Mère, peu importe ton nom... Tu es et tu me parles.

 

 

Enfin, j'arrive en haut de la grande combe, et si la nuit arrive, peu importe, je me sens proche de mon repos. Guidé par "autre" chose, je ne me soucie guère de l'absence de lumière... A tâtons, je plonge dans ce vallon miniature dont j'ai étudié chaque parcelle sur les cartes, et dont j'ai l'impression de connaître l'intimité. Bientôt, je quitte tout sentier visible pour pénétrer dans les fourrés qui ne m'effraient pas, car il n'y a plus de place en moi pour le doute. Parfois à quatre pattes, jurant sous l'effort pour relever le sac de fonte pendu à mes épaules, mais heureux, finalement ce sont les herbes couchées ou les branches brisées qui m'indiquent le chemin : c'est le passage des sangliers. Au milieu de la nuit, enfin, ça y est, je suis "chez moi". Je reconnais la terrasse, ou plutôt je la devine autour de moi, puisque par déduction, ce deuxième faux-plat indique l'endroit qui était "celui-là". Je trouve dans l'obscurité l'endroit que je connais d'un rêve : c'est sous ces gros pins, au milieu d'un delta miniature autour duquel s'écoule l'eau qui vient de la source, devant un petit espace dégagé recouvert d'un gros foin. A moitié incrédule de bonheur, je peux enfin poser mon barda, monter mon abri de toile, avaler quelques fruits et du pain, puis comme ivre, sombrer dans l'oubli.

 

 

Là, c'est trop fort, j'entends clairement valdinguer mes quelques ustensiles de cuisine, proprement rangés autour du feu. Me sentant comme violé, j'enfile instantanément mon jean terreux et mon pull, pour affronter les deux gêneurs. Alors que la glissière de ma tente s'est à peine faite entendre, je les entends qui s'esclaffent, probablement surpris d'avoir pu faire tant de bruit avant que je ne réagisse. Et quand enfin je m'extrais de sous la toile, c'est pour me retrouver face à deux tueurs en tenue militaire, dont l'un des deux tient son fusil à deux mains, crosse sous le coude et canon dans ma direction.
J'ai l'impression de quitter précipitamment la forêt vierge pour débouler incrédule dans un polar sordide. Deux chasseurs respectables en tenue de camouflage, deux porcs congestionnés, la face hilare et la virilité de calibre 12, me tiennent en respect et m'annoncent sans plaisanter que j'ai vingt-quatre heures pour débarrasser le plancher, quitter "leur territoire". Et que j'ai vraiment intérêt à faire gaffe, si je ne veux pas faire l'objet d'un regrettable accident de chasse, vu qu'ici ils chassent le daim et le sanglier avec des balles, pas avec du plomb, et qu'il peut y en avoir des perdues... Je me dis que je vais bientôt me réveiller, puisqu'il doit s'agir d'une mauvaise farce. Alors, j'essaye d'expliquer que le directeur des Eaux et Forêts est au courant, puisqu'il m'a donné son autorisation de dresser mon camps pour l'hiver, vu qu'en cette période on ne craint pas le feu et que sur les 900 hectares du domaine de la montagne de Faraud, je n'en occupe même pas un quart et que… Peine perdue : " fais voir le papier de l'O.N.F ! "… Je n'en ai pas, je sais pertinemment que l'autorisation ne m'a été donnée que verbalement… " Alors on te le répétera pas : tu dégages illico. Ici, de toute manière, c'est pas l'État qui gère, ce sont les chasseurs… On paie assez cher la location du domaine pour pas laisser un allumé dans ton genre nous pourrir la vie… ".

 

haut de la page