Tu prends
tout mon champ de vision : de la nuit au jour, soleil ou pluie, de toutes
mes pensées je t'envie. Tu es partout, où mon regard se
perd. A chaque carrefour, dans toutes les rues, les avenues, les cités,
sur tous les ponts, les chemins, les champs, partout. J'ai fait de Toi
la pensée qui m'obsède, le sous-jacent permanent : Tu es
là, en Moi et je ne te trouverai nulle part ailleurs, même
si je ne fais qu'espérer une rencontre, car d'ailleurs tu n'existes
pas. J'ai fait de Toi un sublime statuaire de l'imagination. Et pourtant
je te cherche à plein temps : je suis ce regard perçant
qui te fait fuir, qui que tu sois, quand je te croise vraiment. Toutes
les apparences que tu prends sans le vouloir sont des leurres, qui ne
font que m'éloigner de Toi.
Je ne
peux choisir. Tu as pris en esclave mon coeur il y a plusieurs milliards
d'années. Je ne vois que toi sur tous les visages qui m'entourent,
pourtant ce n'est pas Toi, et jusque là aucune de mes conquêtes
ne peut mentir à ce sujet. Non qu'elles ne me trouvèrent
pas aimant, ni présent, ni attentif, mais redoutant toujours de
me perdre, ce qui serait absurde si elles étaient Toi.